Ce lundi soir, 2 novembre 2020, l’ex-premier ministre socialiste Manuel Valls, qui ne reste jamais longtemps loin d’une caméra, était - sans masque - sur un plateau de France 5 - où ses hôtes, il est vrai, n’en portaient pas non plus.
Là, une journaliste lui a demandé si c’était selon lui « une bonne idée de donner », comme l’avait fait quelques heures plus tôt le chef de l’État français, une « interview à Al-Jazeera, chaîne financée par le Qatar, bailleur de fonds des Frères musulmans ».
Conscient qu’une solide perche lui était ainsi tendue, M. Valls, la saisissant, a répondu : « Je pense qu’il ne fallait pas le faire sur la chaîne Al-Jazeera ».
Pour lui, Emmanuel Macron aurait par conséquent dû montrer plus de discernement dans le choix du média auquel il allait accorder une interview.
Car « le Qatar », a ensuite ajouté l’ancien socialiste, « finance les Frères musulmans » et « a financé un certain nombre d’associations et d’organisations, et parfois même d’organisations terroristes ».
De toute évidence : M. Valls, au fil du temps, gagne donc en circonspection - et en vigilance.
Car à l’époque, point si lointaine, où il était premier ministre : il se montrait beaucoup moins timoré.
Loin de considérer qu’il convenait de se tenir très à l’écart d’un pays qui a selon lui « financé un certain nombre d’organisations terroristes », il se faisait tout au contraire gloire de lui fournir des armes.
Lorsqu’en 2015 la France a vendu 24 avions de guerre au Qatar, il a donc tambouriné, avec la même ferveur qu’il mettait aussi à se vanter d’autres prouesses, l’immense fierté que lui inspirait ce « grand succès de l’industrie de défense française ».
Mais par chance : personne, sur le plateau de France 5 où il paradait ce lundi soir, ne lui a fait l’affront de le confronter à ce gênant précédent.
Ou, si l’on préfère : à son extraordinaire tartufferie.